Sur la margelle qui borde un bassin d’eau noire, les quatre enquêtrices tentent de reconstituer les conditions de la noyade, testant les positions du corps, cherchant sur la peau des traces de violence. Mais c’est leur propre image qu’elles aperçoivent dans l’eau sombre, chacune incarnant tour à tour une nouvelle Ophélie, traversant les époques comme si elles en avaient une mémoire éclatée. Un écran à l’arrière du plateau répercute leurs visions, les dédouble sur un mode trouble. Un univers à la fois abyssal et proche des corps, où les personnages semblent errer entre la vie et la mort. Miroir couché de nos verticalités, l’eau joue à diffracter le réel, à détourner nos certitudes visuelles. Un élément englobant, assurant, libérant le corps des contraintes de la pesanteur, mais aussi giron de nos terreurs intimes. Et l’image de l’eau envahit progressivement l’espace, comme pour nous faire retrouver ces profondeurs océaniques originelles et nous transformer en témoins de nos propres dérives, tous et toutes Ophélies en puissance.
Ophelia-s de Cie Mossoux-Bonté
Location: Rue des Tanneurs, 75, 1000 Bruxelles